2014 , une année fatidique pour la planète finance ?
Nous sommes le jeudi 27 mars 2014 et je me lance sans trop de risque dans une prévision qui est finalement aussi prévisible par une bonne partie des professionnels de la finance mais n'osent se prononcer par peur d'une panique virale. Je sais aussi que je ne serai pas entendu et cru par la grande majorité de mes lecteurs tant cette fatalité semble une énorme fable et un pavé dans la mare de la pensée unique. Pourtant c'est en partant d'une réalité désagréable à entendre que l'on peut entreprendre autre chose. Or tout a été arrangé dans la classe politique , de droite comme de gauche, pour entériner ce déni de réalité.
Nous sommes arrivé au bout d'une logique d'extension financière et bancaire et il n'y aura plus de remontées significatives des principaux composants financiers et c'est un euphémisme.
La tendance générale boursière sera dépressive tôt ou tard. Ce n'est plus qu'une question de semaines ou de quelques mois. Toute la problématique est de savoir comment va se détricoter cette machine infernale ou plus concrètement comment va t'on subir cette descente aux enfers ?
Malheureusement , par l'ampleur et la taille de cette crise systémique , il n'existe pas d'équivalent dans l'histoire humaine . Jamais on a vu une telle accumulation de capital entre les mains de très peu "d'investissseurs" avec tous les acteurs surendettés tant sur le plan micro-économique que sur le plan macro-économique. A la différence de la crise de 1929, le système bancaire et financier non seulement vit à crédit mais se maintient sur une monnaie fiduciaire représentant 10 à 15 fois la valeur de la monnaie "réelle".
Ajoutez à cela une totale opacité des transactions financières et la vassalité absolue des états vis à vis du pouvoir financier et nous nous retrouvons dans un système qui est train de se nécroser.
Ce climat de fin de règne témoigne une fracture historique très profonde , peut être porte la marque d'une fin de civilisation pour ouvrir une autre page de l'histoire inconnue à ce jour.
Pourquoi suis-je aussi catégorique maintenant ?
Parce que,
- tous les recours possibles et imaginables , tous les montages financiers complexes et audacieux ont été épuisés .
- les indices fondamentaux subissent un début de régression qui vont déclencher la défiance généralisée des milieux financiers.
Il n'y a plus de plan de sauvetage.
L'union bancaire européen qui s'est finalisée a l'arraché le 20 mars dernier est un aveu d'impuissance des banques à contrôler la machine financière et cherchent à se protéger les unes des autres avec la bénédiction des Etats. Les Etats voulaient que ce fonds prenne 10 ans pour être totalement financé à hauteur de 55 milliards d’euros, et que la mutualisation des efforts entre pays soit complète. Beaucoup trop long pour le Parlement, qui réclamait que la durée soit ramenée à 3 ans. Finalement ce financement insignifiant sera porté sur 8 ans. Je ne pense pas que cela va rassurer les investisseurs.
Aux Etats-Unis , la banque fédérale a décidé d'abaisser le "Quantitative Easing " Q3 de 10 milliard pour s'établir 85 milliards par mois d’achats d’actifs financiers, dont 45 milliards de $ d’obligations du Trésor US.à 85 milliard et ce , cerise sur le gâteau qui en dit long , sans limitation de durée.
Je rappelle que le Quantitative Easing est une politique monétaire non-conventionnelle mise en place depuis 2008 ayant pour objectif de stimuler l'économie, en injectant des liquidités via un programme de rachat de dettes.
Interprétation imaginable : il n'y aura pas de Q4. Donc la pompe à finance Outre-Atlantique a atteint ses limites et vaille que vaille. Et tous croisent les doigts pour que l'économie des USA continue au moins son rythme de croisière de 4,1 % de croissance PIB. A la moindre inflexion économique , ils sont bon pour boire la tasse .
La saturation des marchés économiques ont atteint un stade critique.
Une petite explication sur l'économie s'impose pour expliquer schématiquement sur quoi repose la croissance?
La loi des rendements non proportionnels
Smith avait montré que la productivité d'une entreprise augmente grâce à la division du travail, c'était la loi des rendements croissants (en) (on parle aussi d'économie d'échelle).
De son côté, Ricardo en examinant le cas particulier de l'agriculture, avait mis en évidence le fait que les meilleures terres sont cultivées en priorité, mais la population augmentant, il faut défricher de nouvelles terres mais dont la productivité est moindre. La nature impose donc des limites à l'activité humaine, c'est la loi des rendements décroissants (énoncée pour la première fois par Turgot).
Marshall, cherchait à construire un modèle théorique applicable à un champ d'application général, il ne pouvait donc se satisfaire de lois assorties d'exceptions ou de lois ne s'appliquant qu'à des cas particuliers. Pour lui une entreprise est soumise simultanément à ces deux lois : elle cherche à améliorer sa productivité par une meilleure organisation du travail, mais se heurte aux limites du monde physique ou de ses ouvriers. Ses rendements sont en premier croissant puis décroissant dans un second temps, c'est la loi des rendements non proportionnels.
Or nous vivons dans un monde fini où la loi des rendements décroissant finissent par l'emporter (les terres ne sont plus extensibles et le chômage devient endémique).
Avec moins de consommateurs pour écouler les marchandises (déjà surendettés ou appauvris), fatalement les indices économiques s'orientent à la baisse.
Et l'innovation me dirait-vous ?
Dans la vision de Joseph Schumpeter du capitalisme, l'innovation portée par les entrepreneurs est la force motrice de la croissance économique sur le long terme. Schumpeter emploie l'image d'un « ouragan perpétuel » : dans l'immédiat, il peut impliquer pour certaines entreprises présentes sur le marché une destruction de valeur spectaculaire. Le phénomène affecte tout type d'organisations mêmes les plus importantes ou celles censées jouir jusque là d'une position apparemment forte ou dominante (y compris sous la forme d'une rente de situation ou d'un monopole).
Or depuis une semaine, les valeurs technologiques sensées apporter de nouveaux marchés sont sérieusement grippées car la bulle financière associée est en train de se dégonfler.
La référence en la matière est le NASDAQ:
Ainsi on constate sur le tableau ci-dessus que l'indice composite Nasdaq a grimpé de 170 % en 5 ans mais vient de dégringoler de 3.37 % en une semaine. La bulle technologique est train de se dégonfler et c'est quelque chose de singulièrement inquiétant car l'investissement dans le secteur numérique contribue maintenant pour moitié à la croissance américaine.
Les mécanismes d'endettements et de surconsommation de biens manufacturés atteignent un pic difficilement soutenable. C'est pour cette raison que les USA et l'Europe s'empressent de conclure un accord de libre-échange transatlantique pour faire reculer un peu plus l'échéance. Il est vrai qu'il faut une baisse de plusieurs indices composites pour entamer la confiance des investisseurs. Un dérapage social, d'une malversation financière d'une grande ampleur, d'une tension géopolitique mal gérée ou une série de petites mauvaises nouvelles suffisent pour entamer la confiance des investisseurs et retourner le marché vers sa chute.
L'image la plus simple de la situation actuelle est celle du prochain dégel qui va amorcer l'avalanche. une variation critique de la température mais on ne sait pas quand exactement déclenche le processus de l'avalanche et le poids de cette avalanche dépend du total des dettes accumulées par les agents économiques.
Les bulles financières
Les bulles financières sont nombreuses dans l'Histoire des bourses de valeurs et celle des crises monétaires et financières.
En voici quelques exemples :
- La tulipomanie du xviie siècle en Hollande, l'une des premières fortement documentée ;
- Le krach lié à la spéculation sur les actions de la Compagnie des mers du Sud en 1720 conduit le Parlement anglais à voter le "Bubble Act"
- La grande spéculation immobilière à Paris, Berlin et Vienne du début des années 1870, qui débouche sur le grand krach de Vienne en 1873.
- La bulle internet de la fin des années 1990
- La bulle immobilière, à l'origine de la crise des subprimes de 2007 puis de la crise financière de 2008, développée dans la plupart des régions urbanisées occidentales. Selon des économistes, elle a touché les agglomérations à fortes contraintes urbanistes en matière de permis de construire et pas celles à faibles contraintes). Son autre moteur fut les faibles taux d'intérêt décidés pour stimuler artificiellement l'économie après l'éclatement de la bulle internet et les attentats du 11 septembre 2001.
Quand une bulle financière cesse de se développer, elle risque un effondrement brutal. L'implosion suit l'explosion. La panique suit l'euphorie. Les mécanismes de crédit fondés sur la spéculation haussière disparaissent. La solvabilité des emprunteurs, reposant sur la vente rapide, à prix élevé, en cas de défaillance, est soudain revue à la baisse. Les spéculateurs attirés par les plus-value haussières se retirent. Les prix chutent de plus en plus fortement. La bulle financière est percée par un krach boursier.
Les bulles financières et leur percement influent sur les cycles économiques étudiés par de nombreux économistes depuis le XIX siècle, au même titre que les politiques monétaires.
La bulle immobilière américaine à son paroxysme de 2006 est chiffrée par certains experts de l'urbanisme et de l'immobilier à 4 000 milliards de dollars, un montant voisin étant évoqué pour la bulle immobilière européenne. Une partie porte sur une bulle purement financière susceptible de s'effondrer en quelques mois. Une autre disparaîtra plus lentement avec les migrations, les mutations économiques ou les assouplissements réglementaires. En outre de nombreuses valeurs boursières ou monétaires sont en partie adossées à des créances immobilières. Une fois titrisées, ces dernières figurent indirectement dans de nombreux portefeuilles, eux-mêmes titrisés, ou dans les actifs de sociétés cotées en bourse. Certains auteurs estiment le cumul des valorisations participant de la bulle financière de 2008 à cinquante fois le PIB mondial, soit plus de 2 millions de milliards de dollars.
Quelle en est la probabilité d'un tel processus ?
Elle est très grande, à l'échelle de quelques semaines ! Certes le cours historique des éclatements de bulles spéculatives sont complexes et non linéaires mais une chose est sûre : les cycles se rapprochent et s'amplifient dû aux interconnexions plus denses de l'économie mondiale.
Demain, la hausse des taux d'intérêt
De façon plus générale, au niveau mondial, il ne faut pas s’attendre à un maintien des taux à un niveau aussi bas qu’aujourd’hui. Une remontée est dans la logique des politiques keynésiennes dites de « stop and go ».
Jusqu’à une période récente, la tendance était au « go », et les délires des politiques monétaires nous ont momentanément servi. Les États-Unis, depuis les années 2000, et plus encore depuis 2008, ont pratiqué des politiques monétaires « non conventionnelles » (le quantitative easing), qui ont inondé le monde de monnaie. L’Europe a suivi, avec quelque retard et plus de modération. Les taux d’intérêt ont donc été très faibles et même quasi-nuls à court terme.
Mais la fête est finie : c’est le stop. Certes, la FED a annoncé qu’elle continuerait à pratiquer de faibles taux ; mais elle ne maîtrise que les taux à court terme. Le long terme dépend beaucoup des anticipations, notamment inflationnistes. Or, même si elle est encore timide, la reprise est là aux USA. Les finances publiques et la politique monétaire n’y sont pour rien, en dépit des discours officiels, c’est la souplesse et l’innovation des petites entreprises américaines qui ont résolu la crise. Mais du coup la FED annonce que les injections de liquidités passent de 85 milliards de dollars par mois à 75, en attendant de disparaître peu à peu.
Ainsi cette politique du stop and go donne-t-elle l’illusion que procure toute drogue dans un premier temps : l’argent est facile, abondant et bon marché ; tant mieux pour les États qui, comme le nôtre, doivent s’endetter. Puis le laxisme monétaire fait place à une certaine rigueur, l’argent est plus rare et plus cher parce que les entreprises ont été privées des crédits gaspillés par les États.
Certes, pour les taux à court terme, l’illusion durera un temps, mais les taux à long terme se tendent déjà. Ce n’est qu’un début. Demain, tous les États emprunteront plus cher, surtout dans les pays où se produira une crise de confiance. Or, faute de réformes, ce sera le cas du nôtre. Dès la dernière semaine de 2013, les taux américains ont grimpé, au plus haut depuis 2011, entraînant ceux de l’Europe ; et ce n’est pas fini.
Le laxisme monétaire entraîne un jour ou l’autre une inflation ou des bulles spéculatives ; il donne le sentiment d’un argent abondant et bon marché ; nous allons maintenant goûter aux joies du resserrement monétaire et des taux plus élevés. Ceux qui auront résorbé leurs déficits s’en sortiront ; ceux qui resteront surendettés recevront le choc de plein fouet. Le sevrage est toujours redoutable pour les drogués, surtout s’ils ont refusé de commencer à se soigner avant.
Enfin dernier indice troublant : La chine accroit ses importations d'or de façon très importante alors que ce pays est un grand producteur d'or. Se prépare t'il à la prochaine grande secousse ?
Dans ce contexte deux aspects importants doit être mis en avant :
- Tout d’abord l’existence d’un milieu très propice à la contagion : perte générale des légitimités politiques, recul général de la raison au profit des émotions, montée de l’individualisme radical et des effets de foule, eux-mêmes facilités – nouvelles technologies obligent – par les interconnexions à la vitesse de la lumière.
- Deuxièmement , la nervosité des cambistes et la volatilité des valeurs financières sont vraiment palpables.
Conclusion :
Il serait bien sûr possible de multiplier les situations concrètes à l’origine du déclenchement d’une nouvelle panique financière mais le moment fatidique arrivera dans quelques jours, dans quelques semaines tout au plus mais certainement durant cette années 2014 car toutes les conditions sont réunies (financières, sociales, économiques voire écologiques) pour un long dérapage qui nous entraine vers une destination difficile. Mais jusqu'au bout la presse économique classique ne verra rien venir et s'étonnera de la crise soudaine malgré certains "bons indices économiques".
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