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Charivari de la société contemporaine

Dialogues autour de l'orientation de la nouvelle équipe gouvernementale de VALLS

28 Août 2014, 22:27pm

Publié par alize2769

Dialogues autour de l'orientation de la nouvelle équipe gouvernementale de VALLS

 

D. "On dit souvent que la politique "de gauche classique" (politique de l'offre, création d'emploi par le service public) de Hollande de 2012 à, en gros mi-fin 2013, a été stoppée puis pour certaines choses "détricotées".

On dit de plus que cette politique a subi un "virage social démocrate" pour être remplacée par une politique plus "gauche sociale-libérale", plus "blairiste", avec politique de l'offre (aide à la compétitivité - très basses, dit-on? - des entreprises françaises par baisses d'impôts, pour renforcer les marges et donc l'investissement qui est très faible aussi, dit-on), "petite" baisse des prestations sociales (à travers le gel d'indice annoncée Valls), et que les politiques de l'offre seraient amoindries et/ou reportées par peur qu'elle profitent aux entreprises étrangères plus compétitives, et qu'elles soient donc partiellement un "investissement dans le vide" etc.

 

Pensez-vous qu'Hollande a vraiment changé d'avis sur la politique qu'il menait, et si oui pourquoi? La compétitivité des entreprises françaises et leurs marges faibles, pensez-vous que ce sont de vrais problèmes, ou que le problème est mal posé, et si oui comment?"

 

Samagace69 -

"Bonjour D.

 

On est entré dans l'ère du "real politik" . A vrai dire Hollande n'a pu vraiment le choix : il s'est discrédité auprès de ses partenaires européens , l'Allemagne en tête, pour obtenir des marges de manœuvres qu'il n'a plus . La demande de crédit obligataires supplémentaires auprès de l'Allemagne et les dérogations auprès de la commission européenne pour sortir du seuil fatidique des 3% du déficit public ne peuvent plus s'effectuer sans concessions des partenaires européens qui espèrent de la France des réformes structurelles plus conséquentes. Chantage ou réelle nécessité , le patronat français veut des engagements fermes auprès des pouvoirs publiques pour mener à bien le pacte de compétitivité promise par le gouvernement.

La relance des investissements des moyens productifs et de la main d'œuvre est lié à cet engagement qui donnera un signal positif auprès des investisseurs institutionnels. Par conséquent Hollande veut un gouvernement "plus crédible".

 

Maintenant ces réformes cachent un profond malaise de société en général et questionnent sur le devenir du capitalisme libéral. En effet avec une croissance molle pour les années à venir de l'ordre de 1 à 2 voire 3 %, une productivité continue avec l'émergence des nouvelles technologies de l'information , la question du chômage résiduel de plus en plus important et l'instauration de rentes monopolistiques reste épineuse.

Il est fort à parier pour ma part que les conflits sociaux vont s'intensifier et prendre une tournure mondiale. Si les structures sociales de chaque pays reste dans le mode de compétitif où elles se comparent entre elles d'une part et que l'accumulation du capital continue sur sa lancée d'autre part , je crains pour ma part des conflits mondiaux d'une envergure inédite.

 

Si au contraire des alliances et des coopérations se mettent en place dans ces structures , on pourrait envisager un autre type de capitalisme , plus fidèle aux défis du XXI siècle. De toute manière ces transformations ne s'opèrent pas au niveau national mais bien par l'intermédiaire des instances internationales."

 

D-

"C'est intéressant, et ce stade "général semi-philosophique" est intéressant, mais concrètement que devrait faire Hollande?

Pour ce qui est de l'article du Monde Diplomatique (http://blog.mondediplo.net/2014-02-26-Les-entreprises-ne-creent-pas-l-emploi

En rapport : tournant néolibéral, compétitivité des entreprises françaises, l'investissement, "Pourquoi le pacte de responsabilité n’améliorera pas les marges des entreprises et ne créera pas d’emplois") , si j'ai bien compris il s'agit de nous expliquer que l'équation "alléger les charges sociales françaises aux entreprises -> investissements -> création d'emploi" est un chantage est un "chantage grossier et malpropre":

[...] l’horizon même de ces intérêts grossiers et malpropres qui lui désigne les bénéfices immédiats du chantage à l’investissement

Il reconnait certes que c'est l'ensemble des entreprises qui créent l'emploi, mais individuellement, elles ne changent rien: 

Les entreprises ne créent pas l’emploi : elles « opèrent » l’emploi déterminé par la conjoncture. Si l’on veut de l’emploi, c’est à la conjoncture qu’il faut s’intéresser, pas aux entreprises.

Et pour influencer la conjoncture, c'est la politique macroéconomique, dit-il.

Certes, mais le raisonnement s'arrête sur le fait de "faire entrer ça dans une tête « socialiste »..."

 

Donc, peut-être que je les ai ratées, mais je ne vois aucune solution donnée au problème. Seulement que les entreprises demandent de mauvaises solutions - mais on nous dit pas les bonnes.

 

Là encore, la question est la même: concrètement, quelles sont ces bonnes solutions? Que devrait faire Hollande?"

 

Samagace69 -

 

" Dire que " alléger les charges sociales françaises aux entreprises -> investissements -> création d'emploi" est un chantage est un "chantage grossier et malpropre" , c'est vraiment méconnaitre les règles de bases en macro-économie qui énonce que l'employabilité est une fonction proportionnelle à l'investissement et à la consommation. Autrement dit l'investissement des entreprises et de l'Etat d'une part et la consommation des ménages d'autre part favorisent un retour à l'emploi.

Mais une fois dit l'équation cache une réalité bien plus complexe car elle suppose une gestion des dépenses de l'Etat vertueuse tournée vers l'investissement et non pas sur des frais de fonctionnement et un taux d'imposition sur les ménages et entreprises par ailleurs égal sur le temps.

Or nous nous trouvons bien actuellement dans un cercle vicieux où la relève de l'impôt pour équilibrer le budget de l'Etat pèse sur la consommation des ménages et font fuir les capitaux des entreprises vers d'autres places financières. Cependant la charge de la dette accumulée sur 30 ans de pouvoir représente le premier poste de dépense de l'état juste après l'éducation. Pour éviter d'agrandir l'assiette de la dette , l'Etat a deux recours : ou il diminue son train de vie ( y compris les prestations sociales), ou il augmente les charges auprès des ménages et des entreprises ou bien il effectue un panachage des deux solutions . Il n'y pas d'alternative dans les équations macro-économiques.

 

Comment relever le paradoxe ?

Favoriser l'investissement constitue un levier multiplicateur qui consiste à dire que l'investissement favorise par la suite la consommation et donc de nouveaux investissements et ainsi de suite . C'est une idée keynésienne repris par les socialistes mais aussi par la droite mais je crois qu'ils ont confondus frais de fonctionnement et investissements.

Les classes politiques depuis les années 80 n'ont pas eu le courage de freiner les dépenses de l'Etat par des considérations sans doute électorales et on en paye maintenant les pots cassées.

Hollande n'a pas vraiment les coudées franches pour influencer les décisions européennes ou le FMI pour favoriser les intérêts français car depuis quelques temps on représente le canard boiteux de l'Union européenne. C'est l'Allemagne et les pays du Benelux qui battent la mesure et nous somme priés de nous conformer aux décisions collégiales européennes.

L'Espagne , l'Italie, la Grande-Bretagne et la Grèce se retrouvent sur la voie d'une transition économique favorable, c'est du moins ainsi que l'on nous présente la chose et la France ne pourra pas échapper à la cure d'austérité inévitable.

A Hollande et sa nouvelle équipe gouvernementale de trouver la moins mauvaise des solutions en s'appuyant sur l'expertise des cabinets ministériels tout en négociant avec les partenaires sociaux s'il en est encore temps !

Un mot sur la portée sémantique du terme "conjoncture" : La conjoncture est liée aux cycles économiques, et ses durées types des changements conjoncturels vont de quelques mois à 2 ou 3  années. Elle est par définition changeante et temporaire..

Dire que "pour influencer la conjoncture, c'est de la politique macroéconomique" on ne dit en fait pas grand chose de plus à par le fait que le rôle traditionnel de l'état est de réguler ces cycles en favorisant ou pas l'investissement national.

Enfin j'affirme effectivement que le monde va droit dans le mur s'il ne crée pas d'alternatives élégantes au modèle libéral imposé par les pays anglo-saxons car c'est une économie comportant de graves déséquilibres macro-économiques , découplé par un système financier virtuel surdimensionné , et ne tient pas compte de ses effets négatifs sur les systèmes écologiques. Il nous reste peu de temps.

Il faudrait vraiment une révolution copernicienne socio-économique mais comment va s'opérer cette transformation radicale à l'échelle mondiale ? je ne connais malheureusement pas la réponse.

 

D-

"Si j'ai bien compris c'est:

1er -> Hollande est forcé par l'Europe et les investisseurs institutionnels de faire des "réformes structurelles."

1ère question: indépendamment des demandes européennes,  ces réformes structurelles sont-elles nécessaire, et que recouvrent-elles précisément:

* plus de facilité d'embauche&licenciement?

* augmentation drastique et conditionnée aux allocations chômages de la formation professionnelle/reconversion/adaptation (particulièrement pour des secteurs comme la chimie, ou les ouvriers trop peu qualifiés pour le marché du travail moderne)?

* baisse du niveau des prestations sociales? et/ou en temps? allocation conditionnées à ne pas refuser plus de x postes d'affilée? (j'ai plusieurs potes qui ont été au chômage longtemps, et l'obligation de ne pas refuser trop de boulots à la suite n'est pas vraiment appliquée, d'après ce qu'ils disent?)

 

2ème -> ces "réformes forcées par l'Europe et les investisseurs institutionnels" ça dénote une crise profonde qui va peut-être dégénérer en "révolutions"/conflits sociaux sans précédents. Sauf si on envisage "des collaborations entre structures sociales" et "un capitalisme du 21ème siècle".

2ème question: Plus précisément? Quelles collaborations, et quel type de capitalisme, et comment peut-on y arriver concrètement?"

 

Samagace69 -

"La première question est un choix de société : ou bien on accepte les règles du jeu en vigueur de l'économie libérale qui prédomine sur les autres modèles possibles avec l'espoir de récolter les fruits de cette adaptation qui demande effectivement des sacrifices. Ou bien le mode autistique est privilégié dans lequel on accepte avec fatalité une dégradation certaine de notre niveau de vie.

 

Effectivement, c'est donner raison aux affreux capitalistes qui effectivement jouent sur le chantage économique (en référence au texte de Frédéric LORDON au Monde Diplo "La pompe à phynance".) et conditionnent leur volonté d'investissements sur l'hexagone. Ceci dit, être compétitif ne veut pas dire forcément agir chacun pour soi . Il existe des exemples de collaborations et de solidarités transversales.

Les structures sociales de l'Allemagne avec son système décentralisé des polders , celles de la Suisse avec sa constitution démocratique très aboutie, celles des pays scandinaves avec un système de protection sociale conditionnée mais souple sont autant d'exemples qui peuvent être sources d'inspirations pour apporter un peu plus de souplesse dans la gestion administrative et économique de notre pays afin de rester malgré tout compétitif vis à vis du reste du monde .

Une rénovation au sein du système éducatif français me semble aussi nécessaire : il faut restaurer des partenariats étroits entre le monde universitaire et l'entreprise , inciter le développement de l'école en alternance qui fonctionne très bien en Allemagne et en Suisse, ne pas limiter l'enseignement des écoles de commerces aux modèles classiques économiques anglo-saxonnes etc...

 

La souplesse des institutions et des structures sociales est une qualité qu'il nous manque en France car nous sommes encore marqués par la centralisation administrative napoléonienne , par un syndicalisme archaïque et une culture élitiste trop étroite.

 

Cependant une véritable révolution des mentalités et du mode de gestion économique ne peuvent se faire sans l'initiative de grandes structures internationales (FMI, ONU, Banque mondiale , ONG...) . Cette révolution a besoin d'au moins deux conditions initiales :

 

1)  La répartition des pouvoirs économiques doivent s'opérer dans un milieu ouvert et non pas être verrouillé par des quelques groupes d'intérêts privées et tenus secrets.

2) L'homme est supposé rester au centre des préoccupations économiques ce qui n'est pas évident de prime abord.

 

Maintenant le jeux des alliances et de mouvements coopératifs sont des phénomènes extrêmement complexes et imprévisibles par nature que je ne me risquerais pas à faire un quelconque pronostic.

Nous évoluons dans un monde de plus en plus complexe ou l'impact des idéologies en tout genre est amoindri par le fait qu'elles ne restituent pas ou seulement une partie de la réalité.

 

Comme dirait la sagesse populaire ,nul n'est prophète en son pays."

 

 

D- "On a l'impression que la seule possibilité concrète est de suivre les analyses économiques, et de garder les "vœux" comme une sorte d'idéal dont on parle mais sans agir?

Je comprends que c'est difficile cette révolution copernicienne socio-économique, mais en restant au stade de l'analyse sans passer au stade de la proposition concrète, on valide implicitement un système "anglo-saxon" par manque d'alternative concrète?"

 

Samagace69 -

" Je dois avoir une sensibilité plutôt social-démocrate mais je ne revendique pas d'étiquette politique particulière pour des raisons "semi-philosophiques" :

 

Je considère en effet par principe que l'homme doit être au centre des préoccupations économiques comme je l'avais déjà cité un peu plus tôt.

La monnaie est une merveilleuse invention qui sert de médiation dans les échanges de biens et services entre les hommes. Le troc est bien plus contraignant et dégénère le plus souvent à vrai dire en conflits.

Puisque c'est une invention crée par l'homme , elle doit être logiquement un moyen d'échange et non un but en soi.

Par extension , l'économie doit être un principe régulateur de l'activité humaine ou chacun doit pouvoir avoir un maximum de "ressources" réparties entre les membres d'une communauté (loi Pareto) et non comme une valeur distinctive entre les hommes : "je suis 100 fois plus riche que mon voisin car je suis 100 fois plus méritant ou travailleur" ne satisfont l'ego que des heureux gagnants du système.

Mais cette vision de l'économie "social-démocratique" n'est qu'une espérance personnelle.

 

Nous sommes dominé par la version anglo-saxonne de l'économie issu des grandes thèses de l'école de Chicago , chantre du libéralisme et il faut bien le dire d'une idéologie dominante où l'individu est un être parfaitement rationnel.

 

J'imagine que si ce modèle économique perdurait dans sa logique , nous obtiendrions un système féodal avec une classe d'hyper-riches dans une masse informe de super pauvres , le tout emprunt d'un égoïsme et d'un cynisme absolu.

 

Cependant je ne crois pas que ce modèle fonctionne très longtemps car la théorie de lutte des classes fonctionne encore ( voir le lien " Regard croisé de la théorie de Marx et de l'évolution de la société contemporaine.") .

 

Mais malheureusement je sens (cela reste subjectif) que l'économie en mutation ne va pas dans le sens de la volonté humaine mais au contraire accélère sa propre autonomie et se comporte comme une entité indépendante vers une évolution chaotique et indéterminé.

 

L'apparition des nouvelles technologies NBIC (champ scientifique multidisciplinaire qui se situe au carrefour des nanotechnologies (N), des biotechnologies (B), de l'intelligence artificielle (I) et des sciences cognitives (C)) renforce cette intuition car elles vont modifier considérablement la donne dans l'histoire de l'homme et je crains que nous entrions bientôt de plain-pied dans une zone sombre appelé zone de "singularité économique et technique."

Chacune de ces disciplines représente une locomotive pour les autres et crée une synergie de plus en plus véloce.

 

Elle se caractérise par un profond bouleversement des rapports sociaux sous l'influence de ces nouvelles technologies. Les répercussions sur l'humanité sont incalculable. Pour le meilleur ou le pire moment de notre histoire."

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