Le fameux projet européen " Blue Brain Project"
Rêvons un peu sur un projet prométhéen qui fait partie d'un des mythes fondateurs de l'humanité
.Le Human Brain Project, en français "Projet cerveau humain", est un projet scientifique d'envergure qui vise d'ici à dix ans au moins à simuler le fonctionnement du cerveau humain grâce à un superordinateur, et dont les résultats obtenus ont pour but de développer de nouvelles thérapies médicales plus efficaces sur les maladies neurologiques, qui affectent deux milliards de personnes à travers le monde.
Piloté par Henri Markram, Directeur du « Blue Brain Project » à l’Ecole Polytechnique de Lausanne (EPFL), le projet Flagship Human Brain Project
(HBP) est une collaboration internationale dédiée à la modélisation du cerveau humain et impliquant spécialistes des neurosciences, médecins, physiciens, mathématiciens, informaticiens et
éthiciens. Les modèles développés dans ce cadre ouvriront de nouvelles perspectives dans le but de mieux comprendre le cerveau et les maladies neurologiques. Le projet bénéficiera d'un soutien
financier de la part de l’Union européenne (UE) sur dix ans et sera doté de six nouvelles plates-formes pour l'étude du cerveau.
Fédérant plus de 80 pays européens et institutions de recherche internationales, le Human Brain Project (HBP) est prévu pour une durée de dix ans
(2013–2023). En France, le projet implique la participation du CEA, de l’Inserm, du CNRS, de l’INRIA mais également de l’Institut Pasteur, du Collège de France, du Centre hospitalier
universitaire de Vaudois (CHUV) et de l’Université Victor Segalen Bordeaux II
La version américaine d'un projet similaire ,SyNAPSE, a été lancé un peu avant le projet européen, en 2008, financé par la DARPA et mis en œuvre par IBM,HP et un réseau de laboratoires universitaires et privé américains (Columbia, Cornell, Wisconsin-Madison, HRL...) mais avec un angle d'approche un peu différent.
Comment oser prétendre fabriquer un cerveau artificiel ? Comment croire qu'il est aujourd'hui possible de construire une machine capable de reproduire l'ensemble des phénomènes qui se trament sous nos boites crâniennes ?
Les faits, pourtant, sont là: deux projet lancés ces dernières années ambitionnent de construire répliquant la complexité et les incroyables capacités des cerveaux des mammifères, humains compris.
Deux projets qui, par leur ampleur financière et leur complexité technologique, entrent dans le cercle de "la Big Science" à la suite du LHC, le grand accélérateur de particules du Cern, ou d'Iter, le futur réacteur à fusion nucléaire.
Espérons que ces deux projets en parallèles suscitera une saine émulation parmi les chercheurs. Il est tout de même de remarquer qu'IBM se retrouve au cœur stratégique de ces deux projets
Il est évident que l'enjeu dépassent de loin le traitement des maladies neuro-dégénératives et qu'il représente également une stratégie des Etats dans la maitrise de l'industrie de l'information avec des retombées financières et militaires en toile de fond.
Pourtant les critiques se focalisent sur la dimension scientifique et technique de ces projets. Ainsi, jusqu'à quel niveau de détail des "plans" de l'original biologique faut-il descendre pour obtenir un modèle suffisamment fidèle ? les gros superordinateurs seront il capables de supporter la charge électrique et la chaleur dégagée par ces calculs intensifs dont on mesure actuellement la limite théorique ?
Dès que les ordinateurs ont su manipuler des informations symboliques de facon combinatoire durant les années 50 puis avec l'apparition d'un raisonnement déductif à partir de systèmes experts à la fin des années 60 , les chercheurs se sont enflammés en extrapolant qu'une augmentation de la capacité de calcul de la machine pouvait faire émerger une vraie "intelligence artificielle".
Qui se souvient du projet pharaonique japonais au début des années 80 qui devait s'étaler sur dix ans afin de produire une révolution similaire ?
Pourtant au regard de l'ampleur des organismes concernés par le projet et du nombres de chercheurs associés de part et d'autre de l'Atlantique , il est certain qu'il y aura des retombées scientifiques et économiques non négligeables. Seront t'ils suffisants pour sortir l'Europe de la torpeur et du marasme économique dont nous sommes aujourd'hui les témoins ?
Rendez-vous dans dix ans.....
Références:
http://www.informatik.uni-leipzig.de/~schierwa/tins_sheph.pdf
http://www.humanbrainproject.eu/in_brief.html
Science&Vie de Février 2013
http://www.cea.fr/recherche-fondamentale/human-brain-project
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