mardi 6 décembre 2011
Pour les actualités économiques d’aujourd’hui, je laisse la place à François Leclerc dans son billet d’hier :
http://www.pauljorion.com/blog/?p=31602#more-31602
et aussi :
http://www.pauljorion.com/blog/?p=31571#more-31571
Malheureusement les pronostics des quelques « éclairés » ne sont franchement pas gaies pour les deux semaines à venir car non seulement l’euro risque de disparaître mais on redoute rien de moins qu’un écroulement du système bancaire européen voire mondial. La situation est donc très grave.
Aussi je vous demande d’attacher vos ceintures, nous allons traverser une période de hautes turbulences et il n’y a pas de pilote dans la cabine.
Si cela se passe ainsi comme je le redoute, il va s’ensuivre une période chaotique où il n’existe pour l’instant aucune alternative qui aurait dû progressivement se mettre en place.
Je ne connais pas de remède miracle pour pallier à cette déconfiture soudaine qui menace d’imploser à tout moment de manière imminente.
Comme j’aimerais que les faits me démontrent le contraire, que j’ai eu tort de mon inquiétude croissante.
Je vous rappelle que dans un de mes articles précédents nous sommes complètement dépendants de circuits de distributions en tout genre qui accroissent notre dépendance par rapport au bon fonctionnement de notre techno-société. Si quelques-uns y fait défaut, c’est la panique qui prend le dessus. Il est vraiment de la responsabilité de notre gouvernement d’envisager le pire même s’il n’est pas certain mais le principe de précautions doit prévaloir.
Il va falloir envisager des solutions comme si on était en temps de guerre : prévoir des bons d’alimentation, prévoir des plans de réquisitions pour maintenir les canaux de distribution, préparer des allocutions officielles pré diffusées dans les média selon les circonstances etc….
Vous trouvez que je plaisante, que j’exagère… ? .Je souhaite de tout cœur de me tromper sur ce sujet. « Un homme averti en vaut deux » disait Coluche.
Voici quelques citations à méditer au sujet de notre civilisation :
« Argent, machinisme, algèbre ; les trois monstres de la civilisation actuelle. »
de Simone Weil
« Aucune civilisation n’a duré quand elle acceptait la fracture sociale des exclus. »
de Jacques Chirac lui-même !
« Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. »
de Aimé Césaire
« Une civilisation débute par le mythe et finit par le doute »
« « L'homme succombera tué par l'excès de ce qu'il appelle la civilisation. »
de Jean Henri Fabre
Dans la mythologie grecque, Cassandre (en grec ancien Κασσάνδρα / Kassándra) est la fille de Priam (roi de Troie) et d'Hécube. Elle porte parfois le nom d'Alexandra en tant que sœur de Pâris-Alexandre. Elle reçut d'Apollon le don de prédire l'avenir, mais elle se refusa à lui, et le dieu décréta que personne ne croirait à ses prédictions.
Je ne prétends pas être devin ni d’être le Cassandre du XXI siècle, j’expose simplement mes intuitions à partir des indices socio-économiques que je remarque ici et là et par une méditation rationnelle sur les implications des faits que je rencontre. Je me justifie :
Sans entrer trop dans les détails de « la critique de la raison pure » d’Emmanuel Kant, l’intuition a un rôle fondamental dans l’acquisition des connaissances personnelles. Le début de la première Critique est consacré à l'esthétique transcendantale. Transcendantal, chez Kant, renvoie à tout ce qu'il est possible de connaître a priori, avant toute expérience (et doit être soigneusement distingué de "transcendant"): il s'agit des « conditions de toute expérience possible ». Le criticisme kantien consiste à découvrir et analyser ces conditions de l'expérience et, par conséquent, de la connaissance en général, abstraction faite de telle ou telle connaissance en particulier. Or « nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes » Il s'agit donc de se tourner vers le sujet lui-même pour déterminer l'étendue et les limites de notre connaissance de tout objet.
Kant établit que toute connaissance requiert d'une part, la sensibilité, comme faculté de recevoir des représentations et donc d'être affecté par les objets du monde extérieur; d'autre part, l'entendement, comme faculté de former des concepts et de les appliquer à ces intuitions. Ces deux facultés sont indispensables pour former une connaissance ("Des pensées sans contenu sont vides, des intuitions sans concepts, aveugles"). Toute intuition qui se rapporte à un objet par la sensation est dite empirique
Ainsi, contrairement au scepticisme de Hume, Kant pense qu'il est possible d'atteindre la vérité dans les sciences. Si la connaissance est possible, c'est que les objets se règlent d'une part sur les concepts a priori de notre entendement (ex. : le concept de causalité) et d'autre part sur les formes a priori de notre sensibilité (l'espace et le temps). ("A priori" c'est-à-dire indépendant de l'expérience). Ainsi, le temps et l'espace ne sont pas des propriétés réelles des choses, mais des formes de l'intuition qui conditionnent la perception que nous en avons. Dans la connaissance, ce n'est pas le sujet qui s'adapte à l'objet, mais l'objet qui s'adapte au sujet. C'est un changement de perspective analogue au passage du géocentrisme à l'héliocentrisme en astronomie. D'où le nom de "révolution copernicienne" donné par Kant lui-même à cette nouvelle conception de la connaissance.
La philosophie critique de Kant se situe entre l'idéalisme qui fonde la connaissance sur la seule raison et l'empirisme qui la fonde sur l'expérience.
Bergson distingue l'intelligence de l'intuition. L'intelligence est réglée sur la matière, c'est-à-dire qu'elle a une fonction pratique. L'intelligence est une force de calcul qui permet de prévoir, de se mettre à l'abri du danger, d'élaborer des instruments pour notre confort et notre survie. C'est dans la technique que l'intelligence réalise son essence. Elle comporte aussi une faculté de connaître ce que résume Frédéric Worms: « L'intelligence est (...) la faculté qu'ont certains êtres vivants (les êtres humains) d'agir sur la matière par l'intermédiaire d'outils et de connaître certains objets par l'intermédiaire de leurs rapports, donc avant tout par l'intermédiaire de l'espace [24].»
L'intuition, quant à elle, est réglée sur la durée. « L'analyse opère sur l'immobile alors que l'intuition se place dans la mobilité ou, ce qui revient au même, dans la durée. Là est la ligne de démarcation bien nette entre l'intuition et l'analyse»Elle transcende les cadres clos que l'intelligence fabrique pour s'approprier le monde, et va chercher à l'intérieur de la vie une source de connaissance. Bergson ouvre ainsi la voie à une métaphysique nouvelle, en affirmant que le réel, dans son origine, est connaissable. « C'est dans l'expérience, sensible, temporelle, immédiate, qu'il doit y avoir intuition ou pas du tout. Mais si l'intuition est donnée, elle livre alors les caractères d'une réalité, sans aucune relativité due à nos sens ou à notre connaissance, et prend donc un sens métaphysique: le critère de la durée est alors la garantie intrinsèque de la portée métaphysique de l'intuition. C'est sur ce point que Bergson s'oppose à Kant, en faisant revenir au sein de la « matière » de « l'intuition sensible » sa forme (le temps), les concepts mêmes de l'entendement (avec l'intuition de la matière qui fonde l'intelligence), et surtout les grandes expériences métaphysiques du moi, du monde et même de Dieu, inaccessible au philosophe comme tel, de l'expérience mystique.»
Si l'intuition est différente de l'intelligence, elle ne s'y oppose pas. L'intuition n'est possible qu'au terme d'un long effort intellectuel, comme une ressaisie synthétique des données analysées par l'intelligence. Par ailleurs, l'intuition ne peut se communiquer qu'à l'aide de l'intelligence.
C'est pourquoi la philosophie est bien, dans son mode d'exposition, un raisonnement.
En guise de conclusion, je dirai de l’intuition.que c’est une faculté prodigieuse à saisir les indices les plus subtils, ceux que personne n'aperçoit.
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