Samedi 3 décembre
Les places financières ont beau avoir le moral au beau fixe, la situation reste préoccupante car les instances internationales ont du mal à s’accorder pour financer le sauvetage de l’Europe.
Voici l’annonce de l’agence AFP de ce matin :
Chaque semaine qui passe reste cruciale, il n’y aura pas de répit face aux demandes pressantes et oppressantes du marché financier.
Suite à l’allocution du présidant de la république à la conférence de Toulon, ce jeudi 1er Décembre 2011, le président français avait lancé dans la même salle de spectacle du Zénith Oméga un vibrant appel à moraliser et refonder le capitalisme, en pleine tourmente financière internationale venue des Etats-Unis en septembre 2008.
Cette fois, c'est à la refondation de l'Europe qu'il a appelé devant plus de 5.000 personnes - élus, chefs d'entreprises, responsables des services de l'Etat et simples citoyens, dont de nombreux militants de son parti, l'UMP - mais sans le même souffle qu'il y a trois ans.
En attendant, le président français n'a pu que réaffirmer le caractère stratégique à ses yeux de l'axe Paris-Berlin et du choix d'une "convergence" franco-allemande. "Revenir sur cette stratégie serait absolument impardonnable", a souligné le chef de l'Etat, qui n'a pas hésité à dramatiser la situation.
Cette marche forcée pour faire une plus grande cohésion du pacte Germano-français passe mal auprès de l’opinion publique française. Des relents germanophobes se font entendre ici ou là : http://fr.news.yahoo.com/la-crainte-lallemagne-sinvite-dans-la-campagne-en-131747758.html
Citoyen du monde, ces rejets successifs d’une éventuelle solution d’une autre altérité me taraudent l’esprit :
La méfiance est généralisée en ce qui concerne l’Allemagne, La Chine, la montée islamique, le « plombier Polonais » qui acceptent un travail en France, les fonctionnaires qui plombent le budget de l’Etat, les profiteurs de la Sécurité sociale, les zones de non droits dans les cités, les riches qui cachent leurs argents, les chômeurs qui refusent le travail qu’on leur demande, etc….
Le « contrat social », définit par Jean-Jacques Rousseau en 1762 est train de se déliter en ce début du XXI siècle. Pourtant Cyrano de Bergerac, utopiste du droit mondial, dans une « Lettre contre les frondeurs » écrit en 1651 : « un Honnête homme n’est ni français, ni allemand, ni espagnol, il est Citoyen du Monde, et sa patrie est partout ».
En 1713, un diplomate et académicien français, l’abbé de Saint-Pierre, publie un extraordinaire « Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe » dans lequel il imagine la première organisation du monde, projet qui en inspirera beaucoup d’autres après lui.
Emmanuel Kant élabore le projet d’un gouvernement unique de l’espèce humaine. Pour lui, les être vivants sont le produit d’un miracle qui n’a sans doute eu lieu qu’une fois, et la race humaine est unique, a peine différenciée par le climat. Pour lui, seule l’application d’une règle de droit peut conduire à la paix. Un droit qu’il nomme « cosmopolite », retrouvant ainsi un concept des stoïciens. Ce droit s’applique aux nations dans leurs relations à l’Homme en tant que citoyen de l’humanité : « Sans peuple, il ne saurait y avoir d’alliance de peuples….L’humanité constitue le but ultime, la nation n’est que le moyen ».
Il entraîne donc la reconnaissance par tout pays de « droits inaliénables » du visiteur étranger.
L’histoire donne le spectacle du chaos et de l’incohérence. Mais tout ceci n’est qu’apparence. Bien des historiens ont des grilles de lecture qui permettent d’y voir les liens de causalité et de finalité ; Tout en atteignant leurs objectifs particuliers ; les individus produisent collectivement des événements, des institutions, des révolutions qui obéissent à une causalité universelle, a un sens de l’histoire. Pour Hegel, l’Etat, incarnation de la volonté générale prépare à l’empire mondial de l’Esprit.
Le lyrisme mondialiste de la fin du XIX siècle est alors très répandu. Le 21 août 1849, Victor Hugo, élu à la présidence du 2e Congrès de la paix universelle organisé par la Ligue fraternelle, évoque dans son discours d’ouverture l’idée d’un gouvernement mondial, rassemblant l’Europe et les Etats-Unis Le 7 Juillet 1851, il propose de fonder les Etats-Unis d’Europe, « l’idéal des grands philosophes réalisé par un grand peuple ».Plus tard, dans le recueil « Actes et paroles, ,il explique que l’union de l’Europe préparera celle du monde.
Se référant au premier mondialiste du XVIIIe siècle, il ajoute « L’abbé de Saint-Pierre, qui a été le fou, est maintenant le sage. Quant à nous, nous pensons comme lui ; et nous nous figurons sans trop de peine que les hommes doivent finir par s’aimer. Vivre en paix, est-ce donc si absurde ? »
N’a-t-on rien écrit de plus audacieux depuis lors ?
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