Un plan "Marshall" européen de 120 Milliard d'euros : une fausse bonne idée ?
"François Hollande a convaincu Angela Merkel d'adhérer à son pacte de croissance qui prévoit de mobiliser 1% du PIB européen, pour permettre à une zone euro plombée par l'austérité de sortir de la crise."
C'est en substance ce qui a été retenu des media européens notamment via la dépêche de l'Expansion : http://lexpansion.lexpress.fr/economie/l-europe-va-mobiliser-120-milliards-d-euros-pour-la-croissance_306638.html#xtor=RSS-3007
Est-ce une bonne idée ?
Tout d'abord le flou est entretenu sur la répartition de ces fonds entre les différents pays européens et sur les secteurs économiques concernés .
Ensuite le contexte est entièrement différent de l'Europe de l'après-guerre 39-45. Le plan Marshall défendu par les américains entre les années 1948 à 1952 prévoyait de remettre sur pied l'Europe c'est à dire de reconstruire l'infrastructure et le tissu industriel fortement abimé pendant les années de guerre.
Les idées keynésiennes fonctionnaient parfaitement car la main-d'œuvre était abondante entretenait une demande intérieure au sein de l'Europe de l'Ouest. A cet égard , entre 1948 et 1951, le PNB de l’Europe de l’Ouest a fait un bond de 32 % (passant de 120 à 159 milliards de dollars) ; la production agricole a augmenté de 11 % et la production industrielle d'environ 40 % !. L'effet multiplicateur des investissements keynésiens a fonctionné à merveille car il n'y avait ni de fuite de capitaux , ni une demande excessive vers l'extérieure de l'Europe.
Or le contexte économique de l'Europe actuelle est fortement modifié. Une partie des capitaux circulent en dehors de la périphérie européenne avec de fortes disparités de concentration capitalistique et nous sommes plus que jamais dépendant de l'extérieur en ce qui concerne les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbons) et des produits manufacturés (en provenance de l'Asie en général).
L'effet multiplicateur keynésien des investissements tend vers zéro. C'est dire que le risque de déperdition des sommes annoncées (120 à 130 milliards d'euros ) est considérable.
D'autre part ces sommes auraient pu être récupérées intégralement via un petit prélèvement sur les transactions financières (la fameuse taxe Tobin) si certains pays n'y mettaient pas leur veto.
Est-ce que ces sommes seront dédiées à la relance d'une économie "verte" , à la compétitivité des PME, aux investissements sur les recherches prometteuses des Sciences de la vie et de l'Information ? Je crois que la réalité sera beaucoup plus prosaïque : en général ces sommes sont mobilisées pour soutenir de grands lobbies comme les institutions financières et de groupes industriels déjà bien implantés à l'exportation.
Un autre article écrit par François Leclerc garde un certain scepticisme sur cette nouvelle dette à venir qu'il va falloir un jour rembourser de toute manière : http://www.pauljorion.com/blog/?p=38593#more-38593
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