La fin de l'homme moderne et classique
Les défis du début XXI siècles sont ,en l'espace de quelques décennies, devenus énormes ; qu'ils s'agissent de la pollution, des problèmes environnementaux, des déséquilibres démographiques, des flux migratoires massifs, des excès de la sphère hypertrophiée du monde de la finance , de la complexité croissante des réseaux et des agents qui composent notre société nous amènent au pied du mur pour les résoudre dans un bref délai .
Le fantasme de la technologie , en la foi inébranlable du progrès scientifique en faveur de l'humanité reste tenace dans beaucoup d'esprits qui s'imaginent que c'est la planche de salut infaillible en notre espèce humaine. Certes l'accélération technologique qui va s'intensifier dans les prochaines décennies permet légitimement d'y croire.
Cependant ne sommes nous pas coupable d''une certaine naïveté anthropocentrique de croire que la face du monde va conserver sa pureté originelle ? Non seulement l'évolution de la biosphère terrestre va radicalement changer notre mode de vie mais nous risquons à notre tour en tant qu'espèce humaine de changer complètement de paradigmes sur nos valeurs morales et existentielles.
La marche forcée de la mondialisation risque de dissoudre un certain nombre de groupes identitaires ou au contraire d'exacerber leurs revendications face à l'adversité d'un certain totalitarisme utilitaire ou fonctionnel de la logique marchande. Le mouvement de radicalisation de groupes islamistes est une des conséquences (pas seulement) de cette unification des marchés économiques et sociétals . Elle engendre aussi la peur de la dissolution de l'idée même de la nation dans la plupart des pays développés.
D'autre part la financiarisation croissante de l'activité humaine risque de chosifier le genre humain dans la recherche permanente de le rendre fonctionnel. La cellule familiale n'échappe pas à ce phénomène : La marchandisation du corps, notamment celui de la femme, peut désigner diverses réalités : la prostitution, l’exploitation commerciale de son image (notamment par la publicité la montrant souvent dénudée, ou la pornographie), ou encore les mères porteuses (menant aux problèmes de la location d’utérus, de la réduction de la femme au statut de « pondeuse », chosifiant l’enfant et la mère en les mettant au service de tierces personnes, etc.). L'évolution récente des droits des homosexuels a "avoir" des enfants au sein de leur union pose immanquablement la question du financement et des conditions d'obtention d'enfants adoptés.
Cependant des évolutions possibles sans doute plus importantes guettent le genre humain pour sa survie :
Il s'agit du transhumanisme :
"Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l'usage des sciences et des techniques afin d'améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. Dans cette optique, les penseurs transhumanistes comptent sur les biotechnologies et sur d'autres techniques émergentes." ( Définition Wikipédia).
En d'autres termes l'eugénisme , les modification génétiques et la transplantation d'outils techniques dans le corps humain d'autre part risquent de créer un hiatus définitif entre des catégories d' hommes . Mais dans le prolongement de cette évolution , il est fort possible que l'homme moderne devienne un lointain souvenir sous l'effet conjugué du commerce des organes et de ses transformations successives résultant de la compétition entre les individus voulant toujours plus de perfectionnements. Quid de ce qu'il adviendra de cet ersatz humain ?
D'autre part on ne peut négliger la possibilité d'une conscience supranationale, une sorte de supercerveau planétaire , à la fois délocalisé et omniprésent sous une forme qu'on appelait autrefois intelligence artificielle s'appropriant des propriétés de la vie par sa souplesse d'adaptation et sa robustesse. Les robots du début du siècle si perfectionnés soient-ils ressembleront à de vulgaire automates rouillés ne saisissant pas la complexité du vivant.
Dans les deux cas de figure , la réification de l'œuvre humaine se retourne contre son propre créateur originel.
Ce n'est bien sûr que des conjectures mais il est fort à parier qu'en peu de temps qu'il y aura une transformation rapide et forcée du genre humain ne serait ce pour lutter contre l'adversité climatique, contre la raréfaction des biens naturels (eau , aliments) et l'opposition des mouvements idéologiques de société qui se radicalisent à cause précisément de cette marche accélérée du temps géologique. Nous sommes entré dans l'ère anthropocène depuis quelques décennies c'est à dire qu'il est reconnu que l'homme , par son activité, influence de manière croissante sur le climat mondial et sur sa biosphère.
Non seulement la place de l'homme conquérant de son territoire risque d'être durement ébranlée mais aussi dans sa conception idéalisée de ses valeurs humanistes en début de ce siècle. Pourra t-on affirmer dans cinquante ans par exemple que les hommes naissent libres et égaux en droit ? Quelles seront alors les valeurs de substitution qui permettront une coexistence pacifique entre les hommes ?
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