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Charivari de la société contemporaine

Répondre au défi urgent de l'écologie

21 Mars 2014, 15:01pm

Publié par alize2769

Forêt tropicale humide en Guyane.

Forêt tropicale humide en Guyane.

Le point de non retour sur l'évolution du climat

 

Il est trop tard pour limiter le réchauffement à 2°C, d’après ‘Nature’. Une étude publiée par Nature vient pourtant de confirmer les craintes de nombreux de spécialistes et observateurs : à moins d'une révolution, contenir le réchauffement de l'atmosphère en deçà de 2°C est déjà devenu impossible.

L'auteur principal de cette étude,  Joeri Rogeli, de l'université ETH de Zurich, écrit :

"En l'absence d'un engagement ferme à mettre en place des mécanismes capables d'enclencher rapidement un déclin très prononcé des émissions mondiales, il existe des risques significatifs que la cible des 2°C, que tant de nations ont acceptée, soit déjà en train de nous échapper."

Cette étude avance que pour conserver une chance "significative" (supérieure à 66 %) de maintenir la hausse des températures en-dessous de 2°C, les émissions mondiales doivent impérativement commencer à diminuer avant 2020.

 

C'est peu dire qu'on en est loin.

Les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 45 % depuis 1990 :

Les émissions mondiales de CO2

Les émissions mondiales de CO2

La crise de 2008 a provoqué un petit ralentissement, mais désormais c'est reparti, et à un rythme catastrophique. Les émissions de CO2 ont connu en 2010 leur plus forte croissance jamais enregistrée : + 6 %, d'après Washington. Une telle tendance annuelle, si elle persiste, nous place au-delà du pire des scénarios du Giec, celui d'une hausse des températures moyennes d'au moins 5°C d'ici à 2100, constate le site du Washington Post.

 

Point de rupture écologique proche

 

Un article a déjà été écrit sur ce sujet:

 

Cette étude a été confirmée par une enquête complémentaire menée par la NASA . Notre civilisation industrielle touche à sa fin. Selon Rue 89, qui cite mercredi 19 mars, un article du Guardian, notre civilisation industrielle pourrait s’effondrer au cours des prochaines décennies. Selon cette étude parrainée par le Goddard Space Flight Center de la NASA, la répartition des richesses de plus en plus inégale et la surexploitation des ressources naturelles sont en cause.

Les chercheurs ont noté, en étudiant toutes les précédentes civilisations disparues, que ces dernières disparaissaient après avoir trop tiré sur leurs ressources et organisé leur société en strates entre des élites très riches et des masses très pauvres. « Ces phénomènes sociaux ont joué un rôle central dans le processus d'effondrement dans tous les cas ces 5.000 dernières années », souligne Nafeez Ahmed, directeur de l’Institute for Policy Research & Development dans "The Guardian".

 

Le club de Rome en 1972 avait confirmé la catastrophe

Pic de croissance

Pic de croissance

Il y a quelques semaines, le Club de Rome célébrait le quarante deuxième anniversaire de son célèbre rapport (surnommé «Halte à la croissance?»), dit aussi Rapport Meadows, du nom de son principal rédacteur. Ce rapport avait été présenté au public le 1er mars 1972, à partir d’une commande faite par le même Club de Rome (créé en 1968) au Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1970.

 

Le point essentiel, que tous les gouvernements, que toutes les entreprises, tous les médias auraient du noter, est que le rapport de 2012 confirme celui de 1972. Celui-ci donnait soixante ans au système économique mondial pour s'effondrer, confronté à la diminution des ressources et à la dégradation de l’environnement.  La situation est confirmée par la formule du Smithsonian Magazine, «The world is on track for disaster…», autrement dit, “tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre”.

 

Ce désastre, comme le résume le physicien australien Graham Turner, qui a succédé à Dennis Meadows comme rédacteur coordonnateur, découlera du fait que, si l'humanité continue à consommer plus que la nature ne peut produire, un effondrement économique se traduisant pas une baisse massive de la population se produira aux alentours de 2030.

 

Le désastre n'est donc plus loin de nous, mais tout proche. 2020 est d'ailleurs considéré par certains experts comme une date plus probable. L'effondrement pourrait se produire bien avant 2030. Autrement dit tous les projets envisagés pour le moyen terme de 10 ans seraient impactés, voire rendus inopérants. Les rapporteurs font cependant preuve d'optimisme, en écrivant que si des mesures radicales étaient prises pour réformer le Système, la date buttoir pourrait être repoussée.

 

Crises des inégalités qui mèneront à des pénuries alimentaires

Répondre au défi urgent de l'écologie

Selon une étude d’Oxfam, une ONG basée en Grande-Bretagne, les prix des produits alimentaires dits « de base » vont plus que doubler dans les vingt prochaines années. Les Nations unies avaient déjà tablé sur une croissance des prix alimentaires de 10 à 20% l’année prochaine, alors que le coût des céréales a déjà augmenté de 71%  ! en 2011.

 

Les populations les plus pauvres, qui dépensent 80% de leur revenu en nourriture, seront cette fois encore les plus touchées. Le nombre de personnes souffrant de la faim croît rapidement, notamment à cause d’une demande mondiale qui dépasse le taux de production dans un contexte où les rendements agricoles ont baissé de moitié depuis les années 1990. Sachant que la Terre devrait compter 7,7 milliards d’individus d’ici 2020 et 8,3 milliards à l’horizon 2030, il y a urgence à instaurer de nouveaux modèles conciliant productivité et respect de l’environnement.

 

L’accroissement démographique combiné aux effets du changement climatique et à une compétition sans précédent entre les différentes utilisations des terres ont déjà provoqué une explosion des prix alimentaires. La demande mondiale de viandes devrait en outre augmenter de façon plus importante que la demande de produits alimentaires de base en raison de l’amélioration des revenus individuels dans les pays émergents. L’élevage du bétail, qui contribue par ailleurs activement à la hausse des rejets carbone et a fortiori au dérèglement climatique, est donc malheureusement voué à se développer. La culture de produits de base pâtira également de la hausse de la demande en agrocarburants, essences alternatives dont l’empreinte carbone réelle suscite maintenant bien des inquiétudes.

 

Selon Oxfam, le monde se dirige vers une crise majeure, d’où son souhait d’une réforme radicale du système alimentaire international. L’organisation a fait appel aux décideurs du G20 pour qu’ils s’accordent sur de nouvelles règles et demande une meilleure régulation du marché des matières premières pour contenir la flambée des prix, en plus une augmentation des réserves mondiales de nourriture. Et d’enjoindre les gouvernements à mettre fin aux politiques avantageant la production des agrocarburants au détriment des produits alimentaires. Un vœu ô combien légitime étant donné les effets pervers d’une telle solution censée permettre de rouler « plus propre ».

 

Les solutions préconisées

embouteillage urbain

embouteillage urbain

  •      Pour un modèle de décroissance économique immédiat           
    Ce modèle est complètement utopiste dans la mesure où il faudrait que simultanément tout le monde soit d'accord pour adopter un même comportement vertueux. Or le modèle actuelle repose sur un modèle de consommation individualiste.
  •      Pour une mutation économique endogène
    Le principe est de laisser la mutation économique s'opérer voire d'accélérer son processus de développement afin d'obtenir une mutation de société adaptée à cette menace écologique. L'espoir est fondé sur le pari que les nouvelles technologies apporteront des solutions innovantes pour répondre à la menace environnementale.

 

L'impossible mission des écologistes pour la décroissance

la décroissance économique

la décroissance économique

Mais nous devons pour notre part considérer, y compris en ce qui concerne nos propres projets, collectifs ou individuels, qu'aucune de ces mesures radicales ne seront prises. Le système économico-politique, selon certains experts, ne peut se réformer. Ce sont en effet les décisions des gouvernements, des entreprises et des médias qui convergent pour que tout continue comme avant, "business as usual", ceci jusqu'au désastre.

 

Insistons sur le fait que ce n'est pas seulement le réchauffement global qui est incriminé par les rapporteurs, mais plus généralement l’épuisement des ressources et, au-delà, d’une façon plus générale, le saccage catastrophique de l’environnement sous toutes ses formes, autrement dit “la destruction du monde”. Pour l'empêcher, il ne faudrait pas seulement réduire notre production de gaz à effets de serre, mais s'imposer une décroissance radicale, à commencer par celle qui devrait être mise en œuvre dans les pays riches, qui sont les plus consommateurs et les plus destructeurs.

 

Vains espoirs. Il suffit de voir comment, lors des élections françaises de cette année, la question a été évacuée des enjeux politiques sur fond de crise économique. Dans le même temps, on envisage sérieusement de relancer la recherche des gaz de schistes et d'entreprendre des forages profonds en Méditerranée...Petit exemple, car des mesures autrement plus dangereuses se préparent en Arctique et ailleurs.

 

Fin du capitalisme financier

Crash financier

Crash financier

Selon Wallerstein interrogé par Russia today, le capitalisme financier est au bout du rouleau. Il a épuisé ses possibilités de se perpétuer en se recomposant. La crise du capitalisme ne remonte pas à quelques années et ne se réduit pas aux événements financiers observés entre 2008 et 2012. Le système est en crise depuis le milieu des années 1970 (allusion au choc pétrolier de 1974). Et donc, presque quatre décennies d’instabilités et de crises concevables comme les signes d’un système se défaisant, se détricotant (en traduisant infolding). Ainsi, les combats politiques ne vont plus concerner le capitalisme financier mais le système qui va le remplacer. Ce propos a le mérite d’être tranché.

 

 Un second constat porte sur ce qui va remplacer le capitalisme. Wallerstein n’écarte pas la possibilité d’un système plus démocratique et plus égalitaire, tout en précisant que l’Histoire n’est jamais allé dans ce sens. Allusion sans doute aux transitions totalitaires de la première moitié du 20ème siècle. L’autre possibilité est un système encore plus centralisé, hiérarchisé, polarisé avec des centres de domination et des populations surexploitées.

 

On ne sait pas quel système remplacera le capitalisme mais on sait qu’il est possible d’avoir un système pire qui fera regretter le précédent. Nous serions donc face à une bifurcation rendue nécessaire par le fait que l’accumulation incessante du capital n’est plus possible et que si ce système a bien fonctionné depuis 500 ans, comme tout système évoluant dans le temps, il arrive à un stade ou les forces de décomposition l’emportent sur les forces de création.

 

Pari sur la mutation numérique de notre civilisation : aboutir un système intégré d'information tenant compte des contraintes écologiques.

global brain

global brain

Sans pouvoir éviter des crises écologiques majeures , la voie la plus prometteuse pour la survie de notre société est l'édification d'un système d'information global qui tienne compte des différent paramètres contradictoires écologiques, économiques et sociaux afin de prendre les meilleures décisions qui s'imposent. L'internet des objets , le Big Data , la nanotechnologie , la biotechnologie participent aux prémisses d'un modèle de société d'information qui intègrera tous les paramètres de contraintes afin de faire face aux grands défis devant nous.

Il reste l'espoir de l'émergence rapide d'une intelligence collective , artificielle ou semi-artificielle, qui dépasse les intérêts corporatistes ou individuels dans le cadre d'une société de plus en plus souple. Ce n'est pas seulement l'apparition de nouvelles technologies qui "sauvera le monde" mais également un changement de mentalité en profondeur avec de nouvelles règles institutionnelles.

Cette mutation sociétale ne pourra malheureusement pas se combler en l'espace de 20 ou 30 ans, le délai de transformation sera trop court. Il est difficile dans ce contexte d'envisager le futur avec sérénité.

 

Plus d'information:

 

Plusieurs livres, articles et sites web discutent de l'idée de cerveau global et ses maintes ramifications. La plupart d'entre eux peuvent être rejoints via les références sur la page Global Brain. Pour une introduction plus calme, non technique avec plus de recul vous pouvez lire des livres qui s'adressent à une audience plus large :

P. Russell: "The Global Brain Awakens" (emphasis on philosophy and consciousness)

G. Stock: "Metaman" (social and economic evolution)

J. de Rosnay : "The Symbiotic Man" (new sciences and technologies).

A. Koestler : "Janus" (considération de la conscience humaine en tant que phénomène hiérarchisé de niveaux d'action, transposable en partie aux réseaux externes)

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